Une équipe chinoise de scientifiques vient de publier une étude dans laquelle ils annoncent avoir utilisé la technique CRISPR-Cas9 sur des embryons humains viables. Les expériences ont été menées au stade zygote du développement embryonnaire, c’est-à-dire au stade de la première cellule issue de la fécondation.
Les embryons ont été créés pour la recherche à partir d’ovocytes issus de cycles de procréation assistée et donnés à la recherche, fécondés par des spermatozoïdes de deux donneurs porteurs de maladies génétiques.
Ils ont ensuite utilisé l’outil de génie génétique CRISPR-Cas9 pour tenter de « corriger » l’ADN de ces embryons, au stade zygote, en ciblant les gènes porteurs d’anomalies.
- L’un des hommes est porteur d’une mutation génétique sur son chromosome X (appelée G1376T dans le gène de l’enzyme glucose-6-phosphate déhydrogénase (G-6-PD), une enzyme indispensable pour la survie des globules rouges) qui conduit à une forme de « favisme ». Cette maladie, liée au déficit de cette enzyme, conduit les personnes touchées à éviter certains aliments, qui déclenchent la destruction des globules rouges, dont les fèves qui ont donné leur nom à cette maladie. L’expérience chinoise a montré que dans deux des embryons résultant de la FIV, la mutation G1376T a été corrigée par CRISPR-Cas9. Mais dans l’un des embryons, toutes les cellules n’ont pas été corrigées. CRISPR-Cas9 a « désactivé » le gène G6PD seulement dans certaines de ses cellules, mais pas dans toutes, ce qui se nomme un effet «mosaïque».
- Le deuxième donneur de sperme était porteur d’une mutation appelée bêta 41-42, qui est l’une des causes de bêta-thalassémie, une maladie du sang. Quatre des embryons résultant de la FIV étaient porteurs de cette mutation. Dans un cas, CRISPR a induit une autre mutation, ailleurs dans l’ADN. Dans un autre cas, la mutation a été réparée avec succès seulement dans certaines cellules, créant ainsi un autre embryon « mosaïque » et la modification génétique opérée par CRISPR-Cas9 n’a pas fonctionné du tout dans les deux autres embryons.
En mars 2015, puis en 2016, c’est déjà une équipe chinoise qui fut à l’origine d’une controverse mondiale sur ces nouveaux enjeux éthiques. A l’époque, les scientifiques avaient utilisé des embryons humains anormaux et considérés comme non viables. C’est la première fois qu’une équipe dans le monde publie des travaux sur des embryons humains, cette fois considérés comme viables et fécondés dans un objectif de recherche.
Le travail du laboratoire de Jianqiao Liu montre que l’efficacité et l’innocuité de cette technique sont loin d’être atteintes. Des effets « mosaïque » ont été rapportés ainsi que des mutations, c’est-à-dire des « erreurs » intégrées par CRISPR-Cas9 à d’autres endroits du génome.
L’étude publiée dans la revue Molecular Genetics and Genomics est préoccupante et devrait susciter une indignation de la communauté internationale, tant un nouveau pas transgressif vient à nouveau d’être franchi.
« Cette nouvelle publication est préoccupante, elle met à nouveau, comme pour la naissance des enfants par la technique de FIV-3 parents, la communauté internationale devant le fait accompli. Rappelons que la Chine, déjà permissive, est un pays qui a déjà des lois et une mentalité ultra eugéniques. Mais ces expériences, en ce qu’elles touchent à l’embryon humain, concernent toute l’humanité. Ces techniques de modification génétique ne sont certes pas au point pour imaginer implanter ces embryons dans un utérus afin de faire naître des enfants génétiquement modifiés, mais qu’est ce qui empêchera certains pays d’aller jusqu’à cette extrémité ? Les faits récents sur la naissance en Ukraine et au Mexique d’enfants nés par la technique de FIV-3 parents nous prouvent que nous ne sommes pas à l’abri d’autres scandales éthiques de cet ordre. On attend de la communauté internationale qu’elle condamne unanimement une telle atteinte aux droits de l’Homme. »
Alliance VITA a lancé une campagne d’information et de sensibilisation sur les risques de dérives de modification génétique sur les cellules reproductrices et les embryons humains, STOP Bébé OGM.