Euthanasie de mineur : 1er cas en Belgique

21/09/2016

euthanasie des mineurs

Le 17 septembre dernier, le président de la Commission fédérale de contrôle et d’évaluation de l’euthanasie, le professeur Wim Distelmans, a confirmé au journal néerlandophone Het Nieuwsblad un premier cas d’euthanasie réalisée sur un mineur en Belgique.

Aucune information relative à son dossier n’a été précisée, hormis le fait que ce jeune homme de 17 ans souffrait d’une maladie incurable en phase terminale.

Depuis la loi du 28 février 2014, modifiant la première loi du 28 février 2002 dépénalisant l’euthanasie, la Belgique est le seul pays dans le monde à avoir légalisé l’euthanasie des mineurs sans limite d’âge.

Des conditions spécifiques sont néanmoins posées :

  • Le patient mineur doit être « doté de la capacité de discernement ».
  • Il doit se trouver « dans une situation médicale sans issue de souffrance physique constante et insupportable qui ne peut être apaisée et qui entraine le décès à brève échéance et qui résulte d’une affection accidentelle ou pathologique grave et incurable ».
  • Il doit effectuer une consultation chez un pédopsychiatre ou un psychologue en précisant les raisons de sa consultation.
  • Il faut que l’accord de ses représentants légaux (les parents en général) soit acté par écrit.

Depuis le vote de la loi, il y avait déjà eu quelques demandes d’euthanasie par des mineurs, mais aucune n’avait abouti jusqu’alors : « Il n’y a heureusement que très peu d’enfants qui rentrent dans ces critères, mais cela ne signifie pas que nous devrions leur refuser le droit à une mort digne », a déclaré le professeur Wim Distelmans au Het Nieuwsblad.

Dans son dossier consacré à l’euthanasie des mineurs, l’Institut Européen de Bioéthique (IEB) rappelle pourtant que près de deux cents pédiatres avaient affirmé quelques jours avant l’extension de la loi : «Nous sommes aujourd’hui en mesure de contrôler parfaitement la douleur physique, l’étouffement ou l’angoisse à l’approche de la mort. Les équipes de soins palliatifs pour enfants reconnues sont parfaitement aptes à soulager la douleur, tant en hôpital qu’à domicile. » Et encore: « Même les cas médicaux les plus complexes peuvent être résolus, dans le cadre juridique actuel, avec les moyens et l’expertise qui sont à notre disposition. Pour qui cette loi est-elle dès lors conçue ? »

Pour Henri de Soos, animateur du site d’écoute SOS Fin de vie d’Alliance VITA

 « Nous pouvons imaginer par quelles épreuves douloureuses ce jeune et sa famille ont dû passer pour en arriver à prendre cette décision d’euthanasie. Mais à la lumière de notre expérience d’écoute et de ce que disent les spécialistes de la douleur, il n’est pas légitime d’affirmer que cet acte était la seule solution possible. Si la douleur physique – qui légalement est le seul critère valide pour justifier une euthanasie de mineur en Belgique – était trop forte, comment pourra-t-on s’assurer que tous les autres moyens proposés par les soins palliatifs ont été mis en œuvre, y compris si nécessaire par une sédation en phase terminale ? Il y a une grande différence entre tout faire pour soulager la douleur, même au prix d’accélérer la venue de la mort, et provoquer intentionnellement le décès par un produit létal en quelques minutes. Ce nouveau cas illustre malheureusement la pente glissante dans laquelle la Belgique est entrée depuis 2002, avec la croissance continue du nombre d’euthanasies, la persistance de très nombreuses euthanasies clandestines, les dérives vers des suicides assistés médiatisés, la polémique sur les dons d’organes, les pressions pour supprimer la clause de conscience, etc. »

Pour aller plus loin : Décodeur n°35, L’euthanasie en Belgique, 27 novembre 2013 (actualisation en cours).

Site d’écoute SOS Fin de vie : http://www.sosfindevie.org/

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