GPA : éthique ou pas ?

31/08/2016

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Pour Tugdual Derville, le recours aux mères porteuses ne peut pas « être éthique ».

« Le mot éthique n’est accolé à la GPA que pour connoter positivement une pratique injuste. Derrière toute forme de gestation « par » autrui, il y a la programmation d’une rupture originelle entre une femme et l’enfant qu’elle porte. Cette rupture est plus grave que les autres scandales de la GPA, comme sa dimension commerciale. Pourquoi ? Les interactions entre une femme et l’enfant qu’elle porte sont extrêmement sensibles, précieuses, riches. La science n’en finit pas de découvrir la complexité et même le mystère de ce qui se noue dans cette période de vie intra-utérine. Il y a quelque chose de l’ordre du déni du réel à prétendre qu’on peut escamoter ce moment ou, plus précisément, provoquer d’une manière indolore cette rupture par un contrat qui engage la femme à livrer à des commanditaires celui qu’elle aura porté.

C’est pourquoi il n’y a pas de différence fondamentale entre une GPA qui aurait comme mobile la misère, comme on le voit dans certains pays pauvres, et une GPA qu’on prétendra éthique ou altruiste : les mobiles des mères porteuses ne peuvent être qu’ambivalents. Une GPA ne peut pas être « altruiste » car mon enfant ne m’appartient pas. Ce sont les choses que l’on donne ou que l’on vend, pas les personnes. Un enfant ne donne pas sa mère « par altruisme » à un autre enfant qui en serait privé.

Dans certaines situations dramatiques, une femme peut être amenée à confier son enfant à l’adoption : il s’agit de réparer, sans nier la souffrance. C’est l’inverse avec la GPA : elle ne répare pas un drame, elle le provoque ! Les promoteurs de la GPA mettent en avant la souffrance des couples qui désirent un enfant. Or, les grands désirs risquent d’anesthésier la conscience : toute société se construit en régulant les désirs des forts, qui se font tyranniques au détriment des faibles ».

Tugdual Derville, Délégué général d’Alliance VITA et auteur du Temps de l’Homme (Éd. Plon).

Interview réalisée par Alice Le Dréau et Agnès Chareton et publié dans Pèlerin n°6978 du 25 août 2016.

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