Pour Alliance VITA, la décision du juge de Reims de confier la tutelle de Vincent Lambert à son épouse est surprenante et inquiétante, même si la mise en œuvre d’une telle mesure pour 10 ans prouve que celui-ci n’est pas en fin de vie et que son état demande des mesures de protection adaptées.
Ce jugement est surprenant parce que la nomination d’un tiers extérieur à la famille, déchirée depuis plusieurs années par ce douloureux drame, paraissait la mesure la plus sage. Le procureur de la République lui-même avait proposé cette solution, avec madame Rachel Lambert comme subrogé-tuteur. Le juge des tutelles a cru bon de décider l’inverse, c’est-à-dire, avec madame Rachel Lambert comme tuteur et l’UDAF de la Marne comme subrogé-tuteur. On peut craindre que cette décision ne contribue pas à l’apaisement nécessaire pour rechercher des solutions consensuelles.
Ce jugement est également inquiétant pour l’avenir, car Mme Lambert avait donné son accord en 2013 pour que soient arrêtées l’hydratation et l’alimentation de son mari, dans le cadre d’un « protocole de fin de vie » jusqu’à son décès. Mis en œuvre par le Dr Kariger, ce protocole avait été stoppé au bout d’un mois à la demande des parents.
Pour Tugdual Derville, délégué général d’Alliance VITA, « ce qui nous semble le plus surprenant dans cette douloureuse affaire, c’est que Vincent Lambert ne bénéficie plus, depuis longtemps, d’une prise en charge spécialisée adaptée à son état. Il serait triste que le nouveau dispositif de tutelle empêche un transfert dans une unité pour grands traumatisés crâniens. À force d’entendre présenter Vincent Lambert comme un mort en sursis, les Français risquent d’oublier qu’il vit vraiment. Comme vivent aussi près de deux mille autres personnes, en état pauci-relationnel ou neurovégétatif, dont nous ne pouvons nier l’humanité. »