Communiqué de presse : Paris, le 16 janvier 2014
Alliance VITA tient à exprimer son soulagement devant la décision prise par le Tribunal administratif de Châlons-en-Champagne ce 16 janvier 2014, suspendant le « protocole de fin de vie » que le CHU de Reims voulait administrer à Vincent Lambert.
En désavouant la décision de l’hôpital, prise samedi dernier, d’arrêter la nutrition et l’hydratation de ce patient en état pauci-relationnel, les juges ont interprété de façon éthique la loi Leonetti fondée sur le respect du droit à la vie.
Pour le docteur Xavier Mirabel, président d’Alliance VITA : « Le tribunal a reconnu qu’alimenter une personne constitue par principe un soin de base, et qu’à ce titre cet acte médical est toujours proportionné. Le fait que l’alimentation soit apportée de façon artificielle ne change pas la nature profonde de l’acte. Dans le cas de Vincent Lambert, on était confronté à une interprétation abusive de la loi Leonetti par le corps médical : pour l’équipe en cause, nourrir et hydrater un patient dans un état comateux était devenu une obstination déraisonnable. Le tribunal, avec grande sagesse, a écarté cette vision euthanasique de l’arrêt des soins indispensables à la vie.
La division manifestée au sein de la famille de Vincent Lambert, et chez les soignants qui l’ont pris en charge depuis des années, est source de malaise, d’autant qu’elle est publique, ce qui tend à figer les positions. Cette tension traduit visiblement un épuisement de ces personnes qui se dévouent à son chevet. Cet épuisement est un signal d’alerte fort, que la société doit prendre en compte, pour réagir et assurer un soutien et un relai aux aidants de proximité.
Le transfert de Vincent Lambert dans une unité spécialisée pour accompagner au long cours les personnes en état pauci-relationnel nous parait nécessaire. Il n’est pas question ici de remettre en cause le magnifique travail accompli jusqu’à présent par ses soignants, mais de répondre au besoin impératif de prise de relai. Dans ce type de situation, l’épuisement des proches est non seulement à prendre en compte, mais à anticiper.
De façon plus globale, les prises de position suscitées par la situation de Vincent Lambert sont éclairantes sur le débat actuel concernant la fin de vie en France :
- Certains ont dit qu’il fallait « laisser mourir » Vincent Lambert ; or il n’est aucunement mourant, il est lourdement handicapé.
- Certains l’ont appelé « légume » ; or c’est un terme impropre et dangereux, car jamais un être humain ne perd sa nature humaine ni sa dignité.
- D’autres encore ont demandé l’arrêt de son alimentation sous prétexte qu’il ne vit pas un état de pleine conscience ; or de nombreuses personnes en France vivent aujourd’hui même la situation que lui, protégés par leurs proches et leurs soignants.
Ce débat fait donc apparaitre la violence de certains arguments qui me paraissent extrêmement graves. Nous devons tous être en état d’alerte par rapport à ces réactions qui risquent de nous faire basculer vers une société de la toute-puissance qui refuse la grande fragilité de certains de ses membres. C’est donc avec force que je lance un appel aux pouvoirs publics pour demander qu’un profond travail de pédagogie soit accompli, fondé sur cette réalité : la vie de chacun est précieuse pour tous. »